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Hommage de Philippe Caubère à son ami Roger Goffinet qui est décédé en juin 2023.

Mon cher Roger…

Roger Goffinet

Hommage de Philippe Caubère à son ami Roger Goffinet qui est décédé en juin 2023. 

"Hé ben, alors ? Mon Roger ! C'est quoi cette affaire ? Qu'est-ce qui t'a pris ? De te barrer comme ça ? Comme en cachette ! Sans prévenir, ni rien nous dire. Comme si ça ne nous concernait pas. Sans rien me dire. Comme si, toi et moi, on avait fait le tour. Mais pas du tout ! C'était pas fini ! J'avais encore des Carnets à te confier. Pour les taper sur ton ordi et qu'après tu me les envoies. Afin que je puisse les avoir sur le mien. Qu'est-ce que je vais devenir, moi ? Sans toi ? Mon « scribe ». Qui c'est qui va taper quand je vais recommencer à improviser ?

Roger Goffinet est le seul être au monde qui sut transcrire, à deux reprises au moins, les centaines d'heures de mes délirantes ou laborieuses improvisations, tout aussi laborieusement filmées par mon pauvre petit frère et filleul Pascal, sexagénaire aujourd'hui, s'endormant devant — et alors, on voit le cadre dérailler, l'image partant vers le plafond et soudain tout qui s'arrête — ceci afin que je puisse les revoir d'un œil neuf, c'est à dire les lire. Et que ces propos et gesticulations, apparemment sans queue ni tête, accompagnés des seuls rires — mais quels ! — du même petit frère quand j'imitais Bruno, de Véronique quand je faisais Ariane ou de Clémence quand je revivais devant elle, mais cette fois en en riant, les mille péripéties de notre histoire d'amour, de tromperies et jalousie, deviennent ce qui s'appelle un texte.

Même pire : c'est le seul être au monde qui sut extirper cet autre « texte » des 90 heures, enregistrées cette fois là, — c'est à dire 3 ans avant — sur des cassettes audio datant du Moyen-Âge, où l'on pouvait seulement m'entendre, — et encore très mal — « trouver » et jouer ma mère, Paul Pipe (c'est à dire Puaux), Ariane ou Micheline Gaillard ; avec, derrière, Jean-Pierre Tailhade qui riait comme une chèvre et Clémence déjà, qui riait elle aussi, mais pas comme une chèvre. Ces deux qui furent ainsi les premiers spectateurs — et de ce fait co-auteurs — de ce qui deviendra l'affaire de ma vie. Dont certains diront, ou seulement penseront, que ce fut un peu n'importe quoi ; mais d'autres qu'il s'agissait d'une œuvre. Si mon point de vue à ce sujet a longtemps varié, le sien n'a jamais bougé. Comme celui, je dois le dire, de celles et celui qui m'ont regardé déconner. Après cette première année de transcription des cassettes VHS, Roger, un casque sur le crâne, — son fameux crâne chauve à la Gustave Flaubert — a remis ça pour un an de plus, sept heures par jour et tous les jours. Il a écouté, discerné, re-écouté, débrouillé, élucidé et recopié ces heures de bavardages entrecoupés de rire pour, là encore, me permettre de commencer à travailler.

Il y eut trois grandes étapes : Le Roman d'un acteur et ses onze spectacles de trois heures, L'Homme qui danse qui n'en comptaient que huit, mais de la même durée ; et pour finir et que la boucle soit bouclée, La Danse du Diable, le tout premier. Enfin, car il ne faudrait pas l'oublier, Roger ne passa pas seulement une bonne partie de sa vie à m'éclairer l'esprit ou les idées, mais aussi le visage et le corps. Le Roman d'un acteur, pour ne citer que lui, comptait trois mille effets de lumière. Qu'il a fallu imaginer et composer, avant d'en assurer la conduite pour toutes les représentations.
Et puis, tout le reste, autrement dit la vie, qui est peut-être le plus douloureux et dont je ne pourrais pas déjà parler ici. En tous cas, la dette est immense. Que jamais peut-être je ne pourrai rembourser. À moins que… À moins que. Mais alors, ce sera la surprise. Pour l'heure, je ne puis que me joindre à vous toutes et tous, ses proches et ses amis. Pour le pleurer."

Philippe Caubère, 11 juin 2023.

Demain matin, lundi 12 juin, cérémonie au crématorium de Trèbes (Aude).