Le vivant des vivants
par Jean-Michel Ribes
Alors te revoilà Philippe ! Après avoir
sauté
le premier sur cette scène du nouveau Théâtre
du Rond-point dédiée aux auteurs vivants,
tu reviens, toi le vivant des vivants, Ferdinand
bondissant, Claudine au bras, Ariane sur le dos,
Clémence au cœur et tous les autres, tu reviens
nous danser ta joie, tes peines, tes rages,
nous dire ta vie, nous la vivre toute entière,
jusqu’à ce qu’elle devienne nôtre, nous jouir
ta jeunesse « à sauts et à gambades »
comme disait Montaigne, qui lui aussi s’était
choisi comme sujet de son œuvre, sachant
bien que la seule façon de parler des autres
c’est de se dire soi.
Te revoilà, toi l’hélico fantasque et rugissant
qui s’évade de toutes les maisons d’arrêt
de la culture où l’on court au gibet du goût
de la raison et de la mode, se pendre
au sérieux.
Te revoilà riant de tous les matons de l’art,
assis sur leurs miradors de pages culturelles
à
qui tu échappes, et tu nous emmènes,
tu nous délivres, tu nous libères.
Te revoilà Philippe et nous sommes heureux,
heureux comme au commencement
de quelque chose… au commencement
du théâtre.